La ville de Berlin est un terrain très fertile pour ce genre d’interrogations. Sa fonction de capitale, sa nouvelle centralité à la suite d’une insularité forcée, sa structure particulière (la présence de plusieurs ‘centres’), son rôle historique en tant que terrain de jeu des vecteurs de la modernité (vitesse, infrastructures), son foisonnement culturel, la superposition de ses strates, la proximité du vide et du plein, la présence – inscrite dans son tissu même – de différents couches de projets urbanistiques globaux et maintes caractéristiques encore en font un objet d’études obligatoire. D’autres villes, de complexité comparable, attirent l’attention par tout ce qu’elles montrent (depuis un millénaire, la ville européenne est, selon Marco Romano, le théâtre d’une auto-affirmation et d’une auto-exposition incessantes, particulièrement présentes dans les grands thèmes urbains : les places monumentales, les grandes rues, les constructions symboliques, etc.). A Berlin, c’est non seulement ce qui s’affirme ou qui s’érige (la masse du bâti) à s’imposer, mais de même tout ce qui a disparu ou ce qui n’a jamais vu le jour. Monument de la destruction et du trou noir de l’histoire, théâtre de déplacements multiples, Berlin est aussi le lieu de rêves utopiques.